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Robin des Bois

Publié le par Bertrand Ricque

Les gros titres indiquant que les 5 % des plus riches possèdent autant que 80 % les plus pauvres, ou quelque chose d'approchant, je ne me souvient plus des chiffres, ne cessent de fleurir. Evidemment c'est choquant. Et cela alimente une idée, vite transformée en programme politique, qu'il n'y a qu'a prendre aux riches pour donner aux pauvres, et, ce qui est sous-tendu mais pas toujours exprimé, conserver notre modèle et notre niveau de vie.

 

C'est une perspective tentante et intéressante, mais qui, comme toujours chez l'horrible ingénieur rationalisateur que je suis, mérite réflexion et débat.

 

Primo, on peut prendre tout ce qu'on veut aux riches, cela ne va pas fabriquer du pétrole, ni réduire l'effet de serre (ce serait même plutôt l'inverse).

 

Secundo, prenons le patrimoine des riches et voyons ce que nous allons récupérer. Des actions qui aurons ipso facto perdu immédiatement leur valeur, des assurances vies adossées à des actions qui subiraient le même sort. Des yachts, jets privés et villas de luxes dont on ne saurait quoi faire car sans acheteurs. Peut être des liquidités dont on peut se demander si le système financier supporterait le retrait. Bref le plan me paraît foireux et en tout cas, je n'ai jamais lu d'analyse expliquant comment on pouvait prendre en compte les éléments que j'ai cité ci-dessus.

 

Si çà ne sert à rien de piquer le patrimoine des riches, on peut peut-être alors détourner une partie des flux qui alimentent leur richesse, quitte à les obliger à vendre une partie de leur patrimoine au passage. Cela s'appelle la politique fiscale et là il y a un peu plus de littérature. Je me suis donc tourné naturellement vers le site de Thomas Piketty, plein de certitudes.

 

J'y ai quand même passé deux soirées en jouant avec les simulations et en me plongeant dans la bibliographie. J'en suis ressorti avec surtout des points d'interrogation mais au moins conforté dans dans une de mes certitudes; il n'y a pas de solution simple à un problème complexe. Et les solutions simplistes relèvent soit de la supercherie, soit du machiavélisme.

 

Fort de mes interrogations et de mon abondante documentation, j'ai voulu mettre ces questions sur la table lors d'un débat boboïsant typique (profession libérale - Nouvel Observateur). Des questions comme :

  • Que fait-on de la concierge à la retraite (misérable) dont l'appartement familial se retrouve valoir 2 M€ ?
  • Le smicard de 30 ans possédant sa maison à 250 000 € doit-il être traité comme le cadre de 55 ans qui gagne 4 fois plus et a encore 20 ans d'emprunt devant lui pour payer sa même maison ?
  • Doit-on rentrer donc le patrimoine dans la fiscalité pour tout le monde sans minimum ?
  • Parmi tous les barêmes proposé par Piketty, lequel, à rendement égal, est-il le plus adapté ?

Résultat, j'ai cassé le rêve et je me suis fait traiter de con (dans mon dos, mais quand même).

 

Lors du prochain repas, je ferai comme tout le monde, je dirai qu'il n'y a qu'a piquer le patrimoine des riches.

Commenter cet article
L
<br /> L'équité voudrait seulement qu'il y ait une lutte sans merci contre les paradis fiscaux de manière à ce que les très riches s'acquittent de leurs impôts jusqu'au dernier centime et si possible<br /> sans 'niches fiscales" ficelées uniquement pour eux qui n'en n'ont pas besoin.<br />
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B
<br /> <br /> C'est clair. C'est quand même un comble de vouloir frauder le fisc alors qu'on ne manque de rien !<br /> <br /> <br /> <br />