La valeur des gens
Il est un principe qui mériterait d'être plus expliqué aux citoyens par les personnes en charge de dépenser l'argent public, qu'ils soient politiques ou simplement responsables dans les administrations locales et nationale; c'est la manière de trancher dans les arbitrages financiers. Malheureusement, mais fort naturellement, c'est directement lié aux moyens disponibles, et ces moyens sont généralement essentiellement financiers. Il en résulte des équations fort peu "politiquement correctes" mais pourtant difficilement contournables. Aussi difficile que soit la présentation des faits, les occulter revient à prendre les citoyens pour des enfants immatures, et génère de plus, en l'absence d'explications, frustrations et incompréhensions.
Quand une administration locale, détenant un budget limité pour l'année, doit par exemple décider sur quelles portions de route elle doit entreprendre des travaux pour améliorer la sécurité, elle n'a d'autre indicateur (sérieux) que le nombre de morts sur les différents points noirs sous sa responsabilité. Il en résulte une équation budget = f(vies humaines). Fort peu politiquement correcte car la vie humaine n'a pas de prix. Malheureusement, les travaux ont un coût... En fonction des domaines, des pays, des répartitions de budgets, on peut noter quelques variations. Ces données sont généralement accessibles à tout un chacun à travers les budgets des administrations, les réglements, les directives, etc... pour peu que l'on se donne la peine de chercher ou de demander (il n'y a pas de crypto-complot). Grosso modo, dans l'Union Européenne et dans les pays proches (Suisse, Norvège), on tourne autour du million d'Euro, qui se trouve d'ailleurs être à peu près la valeur attribuée par les compagnies d'assurances à la vie humaine lors d'indemnisations d'accidents par exemple (je ne pense pas qu'il y ait un lien direct entre les deux, mais tous les systèmes trouvent des points d'équilibre naturels, c'est un principe de base de la thermodynamique et de la cybernétique). C'est donc sur ce genre de critère que les décideurs se basent pour faire des arbitrages. On gagnerait à les expliquer et à les clarifier à la population. Ceci permettrait d'une part d'expliquer à Mme Michu pourquoi le rond-point où son fils s'est tué à moto n'a toujours pas été modifié depuis 5 ans, et d'autre part à la population, éclairée, d'y mettre éventuellement son grain de sel. C'est dur pour Mme Michu, mais il devait il y avoir des ronds-points encore plus dangereux dans le département...
Il ne fait donc pas l'ombre d'un doute pour moi que l'arbitrage Florange / 1 milliard d'Euro a été examiné avec ce type de critères (indépendamment des critères politiques).
On tape beaucoup sur les politiques, non sans raisons, mais il ne faut pas oublier qu'ils ont ce genre d'arbitrages à trancher quasi quotidiennement et çà ne les fait surement pas rigoler.