Ingénierie et génie logiciel
Qu'est-ce qu'un logiciel critique ?
C'est la même chose sauf que en plus :
* il ne faut pas qu'il démarre le moteur quand on n'appuie pas sur le bouton,
* le moteur doit effectivement démarrer quand le logiciel le lui demande,
* le moteur ne doit pas s'arrêter sans que l'on ait appuyé sur un autre bouton,
* il ne doit pas y avoir de cas où le logiciel ne sait pas quoi faire,
* vous pouvez en trouver d'autres, la liste n'étant pas limitative...
Vous me direz que quelqu'un qui fait bien son travail ne devrait pas voir la différence et que ce n'est qu'une question de qualité. En effet, c'est bien une question de qualité et l'on constate que :
* il est beaucoup plus facile, et moins cher, de faire de la "mauvaise" qualité,
* il y a des domaines où la "mauvaise" qualité suffit,
* le niveau de compétence pour faire de la qualité est significativement plus élevé (on passe globalement de bac + 2 à bac + 4/5),
* les acheteurs de logiciel ne se posent pas la question de la qualité. Ils veulent que çà démarre quand on appuie sur le bouton, un point c'est tout. Ce n'est qu'après (trop tard) qu'ils s'aperçoivent que ce n'est pas si simple (et plus cher).
Ce genre de considérations peut être constaté de manière assez comique dans l'industrie automobile.
A ma droite, les petits génies du logiciel embarqué qui vont vous faire l'ABS et autres fonctions de régulation de vitesse avec toutes les règles de l'art. On les rencontre régulièrement dans des séminaires internationaux avec leurs collègues de l'aéronautique, du ferrouviaire et du nucléaire.
A ma gauche, les automaticiens qui réalisent les machines d'assemblage des voitures et doivent faire face régulièrement à des arrêts de chaînes inopinés. Ils ont simplement progammé, comme on le leur demandait, des moteurs qui démarrent quand on appuie sur le bouton, et rien de plus.
Vous me direz, pourquoi ne se parlent-ils pas puisqu'ils sont dans la même entreprise ? Depuis plus de 15 ans que je leur demande, il paraît que ce n'est pas possible car ce n'est pas dans la culture.
Sic transit gloria mundi...