On y croit
Le scénario est improbable. Le décor est ésotérique. La mise en scène transforme le concept de l’idée en idée du concept. Et pourtant (parfois) je me retrouve transporté dans l’action et dans les émotions des personnages. Et encore parfois (plus rarement), je le vis de l’intérieur. Bref, on y croit.
C’est la magie de la voix humaine et de l’opéra. Ils et elles sont nombreux à très bien chanter, mais beaucoup plus rares a vous emmener dans leur univers. Je noue une relation personnelle et intime avec certaines voix d’opéra ainsi qu’avec d’autres chanteurs : Maria Callas, Christa Ludwig, Sandrine Piau, Elisabeth von Magnus, Emma Kirkby, Andrea von Ramm, Monayat Yultchieva, Fairouz, Haris Alexiou, Misia, Lycourgos Lycourgopoulos, Henri Ledroit, Derek Lee Ragin. Le pire est que cela est bâti sur des moments éphémères. Les chanteurs les moins connus ont leurs jours de transcendance absolue. S’ils y parviennent souvent, ce sont des personnes exceptionnelles. Il faut être là, à moins qu’un preneur de son ait été présent. Cela m’est arrivé quatre fois : Sandrine Piau, Véronique Gens, Elisabeth von Magnus et je ne sais plus qui dans Lady MacBeth of Mzensk. En ressortant de ce genre d’expérience, je suis prêt à ramper aux pieds de la chanteuse. C’est plus puissant et intense que le sexe. C’est d’ailleurs la seule chose qui puise, à mon avis, le remplacer.
Ecrit dans un avion entre Athènes et Paris au dessus des Apes