Tout le monde s’esbaudit du fait que Syriza poursuive le programme de Thessalonique. La Grèce ne fait que mettre en pratique une stratégie à moyen terme correspondant à une réelle vision politique. Quand on est les deux pieds dans la merde, on n'a pas d'autre choix que de bâtir des plans sur la base d'une situation sans autre perspective que ses propres ressources. Je pense que Syriza a bâti son programme et ses plans d'action sur la base de la pire situation possible (plus de financements extérieurs). C'est plutôt sain et cela a des chances de réussir (ce sont les projets sur-optimistes qui ratent, comme chez nous). Ils ont la "chance" d'être au trente-quatrième dessous, ce qui permet de donner une vision d'amélioration sans châteaux en Espagne ni lendemains qui chantent. Nous n'en sommes pas (hélas) encore là. Tout discours basé sur la réduction du niveau de vie est inaudible chez nous. Si Eva Joly avait tenu les propos de Jean-Marc Jancovici, elle aurait fait 10 fois moins. C'est pourtant ce qui nous attend. Quand nous en serons là, espérons qu'un homme politique aura le pragmatisme d'avoir une stratégie qui ne soit pas basée sur des repères idéologiques. Connaissant les bases surannées des hommes politiques français, je suis pessimiste.
Les discussions avec l'Union sont des négociations indispensables de toute façon. Il est normal qu'ils fassent au mieux et on n’envoie pas ses partenaires aux pelotes comme cela, même quand on n'est pas d'accord. Ce qui est affligeant c'est le niveau des discussions sur les réseaux sociaux. Des réactions émotionnelles la plupart du temps, sans aucun recul, ni aucun niveau d'information digne de ce nom. Des réactions idéologiques qui calquent des schémas universalistes (qui ont tous échoué économiquement dans le passé et dont certains ont fait des millions de morts) sur la culture grecque sans tenir compte de ses différences, de sa capacité de résilience, de ses difficultés à entrer dans un monde où l'état compte aussi (pas seulement l'individu).