Liberté
J'ai horreur des censeurs, des moralistes et par dessus tout des rédempteurs.
J'ai horreur des censeurs, des moralistes et par dessus tout des rédempteurs.
C'est la force des impuissants et des ignorants. Bien triste alosr que souvent ils ont mieux à offrir.
Il y a effectivement là-dedans tout ce qui est constitutif du cinéma : l'action, les émotions, les personnages dans lequels chacun peut reconnaître un peu de soi ou des autres. Et en effet, cela fonctionne. Le public ne s'y trompe pas.
A delà des faits, je trouve intéressant d'analyser les réactions que le film suscite. En premier lieu celles de la critique et des intellectuels, -les mêmes que pour "Les chtis"-, pour lesquels ce n'est qu'un spectacle en fin de compte bassement populaire, qui appuie bien fort sur des ressorts trop simples, trop efficaces pour pouvoir être considérés comme artistiques, pas assez subtils sans second ou troisième degrés, sans nécessité d'une grande culture générale pour en saisir les références. Peut être aussi la jalousie de ceux qui sont dans des démarches plus complexes et moins (ou pas du tout) "commerciales" devant le succès de ce film alors qu'ils galèrent pour se faire reconnaître et diffuser.
Ensuite le fait que cela n'a aucune réalité, ou bien que la vrai réalité quotidienne des handicapés lourds est à des lieues de ce qui est présenté, que les fractures dans la société sont malheureusement trop profondes pour être transcendées aussi simplement.
Tout cela est bel et bien vrai mais n'enlève rien au succès du film, et çà c'est factuel. Dans un grand moment d'auto-satisfaction, je réédite ma maxime favorite : les faits sont têtus et l'histoire se répète. De mon point de vue, le succès de ce film n'est que le reflet de l'espoir que l'on peut avoir dans le genre humain (pas celui de l'homme idéal, et parfois plus ou moins nouveau à grands coups de rééducation, de gauche, mais celui de l'homme pas complètement pourri mais simplement humain et imparfait). Espoir dans sa capacité et son désir d'altruisme, espoir dans sa capacité et son désir d'acceptation de l'autre et de ses différences (pourvu qu'elles rentrent dans un standard minimum il est vrai, - le totalitarisme religieux et le racisme assumé sont absents de l'oeuvre entre autres -, volonté de vivre ensemble. J'y vois simplement le meilleur de ce que les valeurs issues des lumières, de la révolution française et de la décolonisation ont à offrir au monde. Et le fait que ce film ait plus de succès que d'autres, notamment américains, est révélateur de ce que notre société est loin d'être totalement gangrenée par la culture du simplisme.
Cette prise à contrepied autant des intellectuels que des médias bêtifiants me plait beaucoup. Et même si pour moi le must de l'expression cinématographique reste "Le septième sceau", je reverrai "Intouchables" avec le plus grand plaisir en me sentant proche de mes voisins de fauteuil quels qu'ils soient. On peut donc faire confiance au peuple pour qu'il fasse ses choix, même si c'est d'instinct et pas en connaissance de cause. Evidemment, l'éducation est un terreau pour l'instinct et permet, idéalement, de consolider instinct et réflexion.
En voilà un sujet d'actualité. Mais qu'achetons nous qui ne soit pas français et sur lequel nous pourrions avoir une quelconque influence. Ce doit être variable d'une famille à l'autre et en fonction des habitudes de consommation. Je propose donc une revue de détail de mes revenus et dépenses pour voir s'ils sont alter-eco compatibles.
Commençont par les revenus. 100% de mes revenus sont français, d'une société 100% française, dont la capital est détenu 1/3 public, 1/3 privé, 1/3 par les employés. Ce dernier point doit en faire la première société du CAC40 pour ce qui est de la participation des employés. Las, las, nous sommes marchands de canons. Cela suffit peut être à nous disqualifier aux yeux des alter-eco. Je ne sais. Nous faisons pourtant de gros efforts pour maintenir le poids des salariés dans l'entreprise.
Pour ce qui est de la répartition des dépenses :
Pension | 22,0% |
Loyer | 16,4% |
Loisirs | 14,3% |
Impots | 10,8% |
Nourriture | 9,3% |
Téléphone | 4,3% |
Santé | 4,1% |
Emprunts | 3,7% |
Carburant / Transport | 3,5% |
Assurances | 2,8% |
Services | 2,5% |
EDF | 1,4% |
Eau | 1,2% |
Activités enfants | 1,1% |
Frais bancaires | 0,7% |
Entretien voiture | 0,4% |
GDF | 0,3% |
Vêtements | 0,2% |
Scolarité | 0,1% |
Le premier poste est payé à des français.
Pour le second, ma propriétaire est française.
Pour le troisième,aîe, aîe, je suis en très mauvaise posture. En effet, c'est un poste qui reste significatif et mes habitudes de lecture, d'écoute musicale et d'achat d'oeuvres artistiques sont très mondialisées. Dans le cadre de la démondialisation, dois-je me recentrer exclusivement sur des artistes et écrivains français ? Encore que mon ami Ahmad ait été présenté au festival de musique soufie d'Indonésie comme représentant la France. Cà compte pour quoi çà ? Et Tahar Ben Jelloun et Picasso, on les met où ?
4ème poste, les impôts, pas de problème, c'est du 100% français.
Pour la nourriture, j'achète beaucoup de bio équitable (pour qui ?) -donc déjà un caddie à 120 € au lieu de 80 € chez Lidl- mais je peux peut être mieux faire en choississant uniquement du bio français (çà va être dur pour les papayes, le café et les mangues).
Le téléphone est 100% français (j'utilise peu les plateaux marocains de France Télécom).
La santé pourrait être améliorée, c'est vrai. J'achète mes huiles essentielles en Inde (5 € au plus au lieu de 15 € en France).
Mes emprunts sont maintenant dans une banque française (j'ai quitté ma banque britannique cet été dans un acte fondateur de patriotisme économique).
Mes carburants sont essentiellement vendus par des français. Mais je pense que je pourrais faire mieux. En militant pour des autorisations d'exploitation de gaz de schiste et de forage en eaux profondes au large de la Guyane, ils pourraient être en plus d'origine 100% française !
Mon assurance et française.
Mes services consistent à faire faire du repassage à une française.
Mon électricté est française (mais nucléaire à 80%)
Mon eau est française, traitée par des français, ejetée dans des rivières françaises.
Mes enfants font des activités françaises avec un violon vosgien et des poneys français nés et élevés en France.
Mes frais bancaires sont très français avec une opacité bien française.
Mon gaz est comme mes carburants.
Mauvais point pour mes vêtements qui viennent soit d'Inde, soit du Vietnam achetés en Malaisie, soit du centre commercial du coin et d'origine tout sauf française. J'aimerais bien me mettre à la haute couture mais je n'en ai pas les moyens. J'envisage d'acheter en Inde des costumes tout prêts à monter et puis à les faire coudre en France.
Enfin la scolarite. Mes enfants vont toujours dans une école française. On n'a rien d'autre dans le secteur.
Bref, pas loin de 86,7% de mon budget est irréprochable. Une amélioration sur 9,5% est envisageable au prix d'un accroissement significatif des coûts de l'ordre de 20%. Les 3.8% peuvent améliorés au prix de problèmes environnementaux que l'on préfère créer chez les autres que chez nous.
J'imagine que proposer à une famille, -pour laquelle mes 13,3 % repréentent plus de 50% du budget disponible-, d'augmenter ces postes de 20 % doit relever dfu sketch de rires et chansons....
A réserver à ceux, -comme moi-, qui en ont les moyens. Ou alors revenir à des choses plus saines, comme ne pas acheter de tomates en hiver. N'acheter que du produit local (pas de fruits exotiques ni de café qu'il faut transporter). Avec la conséquence que les riches pourront toujoures en acheter si ils veulent.
Les moins riches sont-ils prêts à perdre l'illusion qu'ils sont comme les riches pour tout ce qui concerne la nourriture et les gadgets ?
Un moment exceptionnel partagé en petit comité (moins de 40 personnes) Presque deux heures de musique totalement ininterrompue dans un lieu magnifique. Muriel, la maîtresse des lieux avait subtilement préparé l'atmosphère avec les coussins, les bougies, les parfums et les boissons. Tous les sens étaient sollicités. Je me suis envolé ailleurs et le retour en RER fut quelque peu difficile.
Merci à Keyhan Kalhor et à Madjid Khaladj pour ce moment unique qui compte dans une vie et merci à Muriel pour l'accueil.