Je vous conseille la lecture de l'intéressant résumé de mon estimé collègue de Kafenio (http://kafenio.over-blog.com/article-les-retraites-en-grece-premieres-au-hit-parade-pour-le-moment-59986293.html et
http://www.lepost.fr/article/2010/10/16/2267236_retraites-chomage-arretons-la-desinformation.html).
Ces articles appellent de ma part le commentaire suivant.
Aujourd'hui qui dit retraite, dit travail. Il n'y a pas de retraite sans travail (sans commentaire pour l'inverse). Alors comment faire pour qu'il y ait retraite quand il n'y a plus travail, ou
quand la valeur ajoutée du travail devient négligeable (ou à tout le moins insuffisante) ?
Or du travail, il va il y en avoir de moins en moins. D'abord parce que au fil du temps les niveaux de vie s'égalisent, ensuite parceque on sait faire des choses avec de moins en moins de
travail. Certes, cela fait des chômeurs chez nous, mais cela fait moins de damnés de la terre partout.
Quand les ouvriers qui font les lecteurs de DVD à 49€ gagneront autant que nous, la fabrication des mêmes DVD sera automatisée. Ce jour là 10 milliards de terriens seront nourris, logés, équipés,
soignés par 2 ou 3 milliards de personnes. Le modèle économique général actuel (vivre de son travail) et franco-français (prendre sa retraite en étant payé par ceux qui travaillent) deviendra
obsolète. Il faudra bien trouver autre chose.
Vous me direz que maintenant les revenus issus d'autre chose que le travail (capitaux, assurance, épargne, achat-revente de produits virtuels) rapporte peut-être déjà plus que le travail
proprement dit et qu'il suffirait de le taxer pour financer les retraites, comme pour d'autres prestations "sociales" d'ailleurs. Oui, pourquoi pas en effet, mais...
Mais s'engager là-dedans c'est rompre frontalement la relation entre le travail effectué et une prestation reçue. C'est une révolution, qui vaut peut-être la peine d'être tentée, sauf que...
Les revenus des capitaux n'ont pas plus de chance de durer que le travail. Ce qui est rare est cher. Le travail est de moins en moins nécessaire et de plus en plus disponible. Il ne vaut plus que
ce que les plus riches (nous) sommes prêts à payer pour un kilo de tomates ou pour un lecteur DVD, c'est à dire surtout pas trop et pas ce que nous demanderions si nous devions le fabriquer nous
mêmes. Nous n'imaginons pas de payer 10 € le kilo de tomates. Nous imaginons tout au plus d'automatiser la production pour éviter d'exploiter un migrant marocain en Andalousie.
Dans un monde au niveau de vie beaucoup plus lissé, que restera-t-il qui sera rare et cher ? Qui saura le fournir ? Qui pourra l'acheter ? Qu'est-ce que çà générera comme revenus ?
On comprend l'angoisse des foules qui pressentent bien cette raréfaction du travail et l'impuissance des gouvernants qui n'ont rien à proposer (à juste titre, ils n'ont pas de boule de cristal),
sans parler des syndicats qui ne savent pas sortir de leur modèle. On n'a pas besoin de gestionnaires, mais de visionnaires.