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Indignation

Publié le par Bertrand Ricque

L'activité majeure de nombre de concitoyens semble être l'indignation. Qu'elle soit justifiée par de profondes réalités, par des hoax alléchants et flattant leur opinion, par des gros titres démentis par le texte même des articles, ou tout simplement à côté de la plaque n'est pas la question.

Le problème est plutôt s'indigner, oui, mais pour proposer quoi en dehors de happenings et d'utopies basées sur des illusions ou l'absence d'information.

Première illusion : amener 11 milliards d'individus, dans un horizon visible, c'est à dire moins de trente ans, au niveau de vie des européens les moins bien lotis, ou à minima au même niveau d'infrastructures, même de santé. La planète ne dispose pas des ressources matérielles pour cela. Ce n'est ni une question d'inégalités, ni une question de volonté politique. C'est bêtement matériel.

Seconde illusion : améliorer le sort des européens les moins bien lotis sans produire plus de bien matériels, socle de l'économie réelle, c'est à dire sans croissance et sans aller chercher les ressources pour ce faire là où elles sont (pas chez nous en tous cas) est tout aussi impossible sans basculer en plus beaucoup de ressources économiques (pas physiques pour le coût) sur cet objectif. Ce qui implique une diminution des services uniquement réalisable en parallèle d'un changement radical de mode vie et donc d'aspirations des personnes en question ainsi que des classes moyennes.

Troisième illusion : croire que la diminution ou l'éradication des inégalités sociales, aussi insupportables soient-elles, permette de dégager les marges de manoeuvre nécessaires. Cela ne crée pas de ressources matérielles.

L'indignation n'est-elle, en fin de compte, que le symptôme du désespoir consécutif à la sourde prise de conscience de la situation que personne ne veut s'avouer ? Le résultat d'un sentiment d'impuissance face à l'inéluctabilité d'un changement non voulu comme face à la mort ?

L'avenir n'est pas celui dont nous avions rêvé et que nous avions transmis à nos jeunes. Plus de voyages, retour à des travaux plus durs qu'une vie dans le tertiaire. Des conflits sanglants ou des situations humanitaires terribles. La population ne va pas baisser de plusieurs milliards (même d'un seul milliard) comme prévu par les projections non démenties du rapport Meadows (même dans les plus optimistes) sans décès avant la date "normale".

Les années 2030 à 2050, et déjà même avant pour les pays en développement, vont être très dures. Et ce sera encore plus dur pour ceux qui disposent déjà de leurs infrastructures, comme nous, de conserver nos valeurs humanistes dans un tel contexte.

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