Energie et petits pois
Un aspect de la transition énergétique qui est rarement développé est celui du rendement énergétique : ça se comprend car cela ne se présente pas bien du tout, mais alors pas du tout du tout.
Comme ce n'est pas évident à expliquer avec des termes d'ingénieur, j'ai développé une analogie potagère.
Quand on plante des petits pois, on sème des graines. Chaque graine fait pousser un pied qui produit plusieurs cosses qui contiennent plusieurs graine. On comprend facilement que si le pied produit moins que l'on a semé, ça ne va pas durer longtemps.
Pour que mon potager fonctionne, il faut donc qu'il produise les graines pour resemer l'année suivante, les graines pour me nourrir, pour nourrir mes enfants, celles que je dois vendre pour acheter des médicaments, etc... Mon niveau de vie détermine le nombre de graine que chaque pied doit produire. J'ai donc besoin d'un ratio minimum de graines récoltées par graine semée. Si je veux augmenter mon potager, j'aurai besoin d'augmenter ce ratio, car il me faudra plus d'outils, plus d'arrosage, etc...
Avec l'énergie c'est pareil. On estime que pour fonctionner, nos sociétés industrialisées ont besoin d'un ratio entre 12 et 14 unités d'énergie produite pour 1 investie. Au début du 20ème siècle, le pétrole fournissait 100 pour 1. On est maintenant proche de 35 et en chute libre. Le solaire photovoltaïque fournit 4 sans stockage et 2 avec, l'éolien 16 sans stockage et 4 avec, le solaire thermique 19 sans stockage et 9 avec, le gaz 28, le charbon 30, l'hydro-électrique autour de 40. Le nucléaire de fission entre 10 et 75 en fonction des sources. Donc pour atteindre un ratio 12 à 14, on voit que ce n'est pas gagné.
Ceci pour dire que ceux qui misent sur le photovoltaïque et l'éolien vont soit s'apercevoir qu'ils manquent de petits pois, soit devoir apprendre à se serrer la ceinture et se contenter de ce qu'ils récolteront. De mon point de vue, c'est ce dernier choix qui va s'imposer à tous. Et, indépendamment de toute question d'inégalités sociales, je doute fort que cela permette d'éduquer et de soigner comme aujourd'hui, pour ne parler que du plus important.