Jeanne Lanvin - double lecture
J'ai été hier visiter l'exposition des œuvres de Jeanne Lanvin au Palais Galliera.
Les robes sont absolument splendides et révèlent une virtuosité technique à couper le souffle. Le travail et la minutie nécessaire à leur réalisation est impressionnant. Les graphismes créés par les coutures sont dignes des cubistes et des surréalistes. Les vêtements en disent autant sinon plus sur les époques traversées (de 1910 à 1939) que bien d'autres formes d'expression. Et surtout on ne peut s'empêcher d'imaginer, avec beaucoup d'émotion, les femmes qui étaient dans chaque robe, et l'incroyable privilège qu'elles ont eu de porter, parfois un seul soir, de telles merveilles. Savoir que ces chefs d’œuvre ne survivront pas au temps est un véritable crève cœur.
Cette exposition est à la fois un scandale et un monument d'édification. Comment peut-on glorifier ces vêtements réalisés par des femmes asservies au service de la grande bourgeoisie ? L'exposition ne fait aucune mention du fait que ces robes étaient destinées aux femmes de la classe dominante et représentaient le symbole de leur domination. La pseudo libération symbolisée par l'absence de corset n'est que le reflet de l'aliénation de la couturière qui a à peine de quoi manger à sa faim. Quand à l'effet de mode qui découle de ces créations, il faut le voir comme la machination bourgeoise destinée à précipiter la classe populaire dans la dictature de la société de consommation. Ces objets devraient plutôt être détruits que glorifiés !
Bon, trêve de plaisanteries, c'est tellement beau que j'en ai rêvé.